Samedi dernier avait lieu le Raid à la nage entre l’Ile Dûmet et le port de plaisance de Piriac sur mer. Ce Raid est organisé par l'amicale des pompiers de Piriac pour une distance de 7 à 8 km. Christian Jacq, Patrick Hoffman et David Le Nir étaient de la partie...voici le récit de ce dernier :
"Alors que Christian, nageur aguerri, est un habitué de ce type de challenge, pour moi et Patoche il s'agit d'une première.
On se rend en bateau de pêche sur l'île. Le trajet, confirme ce que l'on supposait depuis la côte : la mer est agitée. Une houle d'1m80 de sud-ouest ne va pas nous simplifier la tâche.
Nous sommes 70 nageurs au départ, la plupart sont equipés de palmes masque et tuba et autre cagoule... Du coup, on s'inquiète d'être pieds nus. Bon en même temps on est des truffes en jambes :)
Le départ se fait "lancé" derrière un bateau ouvreur. Je pars hyper tranquille. Dès les premiers coups de bras je perds le contact avec les premiers ; Patoche s'élance aussi plus vite que moi, on ne se verra plus jusqu'à...
Le premier kilomètre est très plaisant : on nage avec une houle favorable. Le parcours, balisé par des bouées disposées tous les 1000m environ, est en arc de cercle afin d'éviter les roches (non pas pour nous, mais pour les bateaux de sécurité qui ont un fort tirant d'eau).
Je suis rapidement esseulé, mais en levant la tête, j'aperçois quelques bonnets (jaunes) autour de moi, des kayakistes qui forment un corridor pour nous canaliser, et le bateau ouvreur qui s'échappe. Les concurrents en palmes sont impressionnants ; en 2 mouvements de jambe ils prennent 10 mètres. Certains arborent du matos en fibres de verre, qu'ils ont probablement piquer à James Bond...
L'orientation est sommaire car on ne voit pas les bouées à cause de la houle (je ne me suis même pas aperçu du passage des 2 premières !!). Ces bouées constituent la trajectoire à suivre : contrairement au triathlon, on peut les passer à droite ou à gauche.
A mi-parcours, nous avons un passage obligé dans un goulot entre 2 bateaux : on remet un premier bracelet (pour contrôler que personne ne s'est perdu), et on s'hydrate... un peu comme on peut car ce n'est pas évident de choper une bouteille d'eau et de boire agrippé à un bateau qui remue dans tous les sens. Seule de l'eau claire est proposée : j'aurais bien aimé du sucré pour chasser ce goût salé dans la bouche.
Un coup d'œil au chrono : 47 minutes ! Waouh ! Ca défile vite !! Même si la houle, déjà de travers, nous tire sur la gauche elle doit nous porter un peu...
Du coup je repars en nageant un peu plus fort. Les bras tournent bien, je mets peu de jambes. Je me sens hyper bien et je suis content d'être là. Je m'oriente convenablement. Il faut profiter d'être au sommet des vagues pour lever la tête mais cela ne suffit pas toujours : le meilleur moyen reste la pause en rétro-pédalage pour sortir le buste de l'eau. Car plus question de viser les bonnets jaunes de devant ou de se caler sur les kayaks : je n'en vois pratiquement plus. Le sentiment d'être seul au monde grandit. Heureusement quelques méduses (d'un fort beau gabarit !) agrémentent ma progression... enfin, façon de parler !
C'est marrant, la deuxième moitié me paraît plus longue que la première. Je suis proche des 2 dernières bouées : mon chrono indique 1h47 et le port de Piriac n'est pas tout prêt. Définitivement, le goulot à mi-parcours n'était pas à mi-parcours !!
La houle ne faiblit pas, bien au contraire. Je me fais balloter, la technique s'en ressent : je prends tellement de roulis, déséquilibré par les vagues de travers, que parfois ma main gauche franchit complètement l'axe du corps lors du trajet moteur. Il faut monter toujours plus haut le bras droit pour ne pas qu'il reste scotché dans l'eau.
Il doit rester encore un bon 1000m, une petite nausée s'installe... A force de boire de l'eau de mer ? A force de tangage et de roulis qui provoquent un début de mal de mer, auquel je ne suis pourtant pas sujet ? Ou alors je suis déshydraté (je sens ma langue pâteuse et enflée) ?
Je dois me concentrer pour respirer et éviter toute infiltration d'eau salée et oublier cette nausée. Je réduis la voilure car les bras deviennent lourds et tournent déjà moins bien. Ce dernier 1000 se fait au mental.
Et enfin j'atteins l'entrée du port. Le public est amassé sur la digue pour encourager et applaudir les concurrents. Le dernier 100m jusqu'à la cale est un régal, porté par la clameur des spectateurs ; je retrouve mes bras et je lache les jambes. Je retrouve aussi quelques autres bonnets jaunes : tiens, ça faisait longtemps (vous étiez où tous ??) !! Et surtout, il y en un juste à côté de moi qui semble me faire de l'œil... Enorme : c'est Patoche !! 8km sans se voir et on fait les derniers mètres ensemble, trop bon !! On retrouve la terre ferme et la position debout, une tape dans la main, mines réjouies : "bon ben, ça c'est fait !!".
Remise du deuxième bracelet, temps : entre 2h10 et 2h12... j'ai oublié d'arrêter tout de suite mon chrono (le premier a bouclé la traversée en 1h35, les derniers mettront au-delà de 3h). Le speaker annonce que désormais, la moitié des concurrents est arrivée.
Mission accomplie et super expérience !
On croise Christian, pas très satisfait de sa prestation : 2h05 pour lui. Oui ben Christian, tu nous mets quand même 5 minutes et les conditions étaient loin d'être simples !
La journée se conclut par une sardinade (sardines fraîches au barbecue), tous réunis sur de grandes tablées au bord de l'eau. Jusque tard le soir, l'ambiance est festive, la musique bat son plein, et un breuvage houblonné nous soigne du goût salé ;)
Un gros remerciements aux bénévoles (sur l'eau, à terre, à ceux qui ont passé tout l'après-midi à étêter 350kg de sardines !) et aux pompiers de Piriac, pour l'organisation de cet événement.
A refaire et à recommander !"
SP